Le Prix Richelieu Senghor 2021 a été décerné le 7 décembre 2021 à Karl AKIKI, chef du département de Lettres françaises à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (Liban). Le jury a tenu à récompenser son engagement en faveur de la francophonie dans un environnement difficile, au Liban et au Proche-Orient. Fervent promoteur de la langue française, Karl AKIKI a mis en place des événements culturels d’envergure ; il organise aussi chaque année la venue d’enseignants étrangers, enseigne lui-même dans plusieurs pays et s’attache à valoriser la francophonie libanaise, au Liban et à l’extérieur.
Le prix a été remis au lauréat par Madame Imma TOR, représentant la Secrétaire générale de la Francophonie, en présence de SE M. Rami ADWAN, Ambassadeur du Liban, devant les membres et amis du Cercle Richelieu Senghor réunis au Palais du Luxembourg.
Voir la vidéo de la remise du Prix
« Je suis heureux et fier que notre Comité du Prix ait choisi cette année d’honorer le Liban à l’heure où le pays traverse une grave crise économique, politique et humaine, amplifiée par la pandémie et l’explosion dans le port de Beyrouth » a déclaré Alban BOGEAT. « Outre la reconnaissance de l’action de notre lauréat en faveur de la langue française, je souhaite que la remise du prix ce soir constitue aussi un témoignage symbolique de fraternité à l’égard du peuple libanais ».
Attribué pour la première fois en 1987, le Prix Richelieu Senghor distingue des personnalités dont l’action contribue de façon exceptionnelle au rayonnement de la langue française et de la francophonie. Le Proche-Orient a déjà été à l’honneur avec Boutros BOUTROS-GHALI (1991), et le poète libanais Salah STÉTIÉ (2001).
Introduction d’Alban BOGEAT :
« Excellence, Monsieur Rami ADWAN, Ambassadeur du Liban,
Excellence, Madame Cécile POZZO DI BORGO,
Excellence, M. Khalil KARAM,
Excellence, M. Naji ABI ASSI,
Excellence, M. Alvaro de SOTO,
Excellence, Mgr Paul MATAR,
M. le Président Fouad SFEIR,
Mme Imma TOR, représentant la Secrétaire générale de la Francophonie,
M. le Sénateur Mickaël VALLET,
M. Gaël de MAISONNEUVE, délégué aux Affaires francophones au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères,
Chers Membres du Cercle Richelieu Senghor,
Chers Amis du Cercle,
Je voudrais vous souhaiter chaleureusement la bienvenue. Vous êtes particulièrement nombreux ce soir, et je m’en réjouis. La remise du Prix annuel est toujours un temps fort dans la vie du Cercle. Nous renouons aujourd’hui avec une tradition que la pandémie avait interrompu… Cette année, la remise du Prix succède à l’hommage à Léopold Sédar Senghor que le Cercle a organisé le mois dernier, à l’occasion du 20ème anniversaire de la disparition du Président-poète.
Pour celles et ceux qui nous rejoignent pour la 1ère fois, je voudrais présenter brièvement le Cercle Richelieu Senghor :
Le Cercle est un lieu d’échange et de réflexion sur la francophonie et le dialogue des cultures. Il organise un dîner-débat chaque mois, des visioconférences, et décerne un prix annuel, l’objectif étant de refléter la francophonie des 5 continents, et d’en illustrer aussi la dimension économique.
Le Cercle s’attache à porter les valeurs de solidarité, d’humanisme et d’universalité chères à Léopold Sédar Senghor et aux Pères fondateurs de la Francophonie. Il s’emploie à refléter la francophonie des cinq continents et à mettre en lumière ses enjeux notamment sa dimension économique.
Le Cercle est accrédité auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie en tant qu’ONG partenaire. Il fête cette année son cinquantenaire, nous l’avons célébré le 28 septembre dernier et avons édité une brochure commémorative.
Aujourd’hui, nous honorons M. Karl Akiki, chef du département de Lettres françaises à l’Université Saint Joseph de Beyrouth.
Je suis heureux et fier que notre Comité du Prix ait choisi cette année d’honorer le Liban à l’heure où le pays traverse une très grave crise économique, politique et humaine, amplifiée par la pandémie et la terrible explosion dans le port de Beyrouth.
On a coutume de dire : tel le phénix, le Liban se relèvera. J’en forme ce soir le vœu le plus sincère.
Le Liban était aussi à l’honneur il y a 3 semaines, avec le prix Albert Londres décerné à la journaliste franco-libanaise Caroline Hayek. Et je voudrais rapporter les mots de Michel Hélou, directeur du quotidien L’Orient-Le Jour, qui a dit de ce prix : « C’est un symbole de l’universalité de la langue française. Le français est une langue libanaise, et pour nous à Beyrouth l’histoire et le quotidien s’écrivent aussi en français »
Et maintenant je vais donner la parole à SE M. Rami ADWAN, Ambassadeur du Liban en France.
Excellence, c’est un honneur et un plaisir de vous accueillir / ou plutôt de vous retrouver.
Vous étiez déjà avec nous en mars 2018 – à l’initiative du professeur SP Tawil, fidèle membre du Cercle.
Vous aviez prononcé alors un discours très émouvant retraçant l’histoire de la longue amitié qui unit le Liban et la France, depuis le règne de Saint-Louis jusqu’à nos jours.
Vous aviez également lancé un vibrant appel face aux difficultés engendrées par l’afflux massif des réfugiés syriens.
Aujourd’hui les difficultés pour le Liban ont décuplé, cependant l’amitié franco-libanaise est plus que jamais au rendez-vous, je n’en veux pour preuve que la nombreuse assistance ce soir…
Je voudrais aussi rappeler à nos membres une note symbolique : vous êtes diplômé de l’ENA – promotion Léopold Sédar Senghor – bien sûr… (c’est aussi la promotion de notre Président de la République)
Excellence, cher M. Rami ADWAN, je vous cède le micro…
Excellence, je vous remercie vivement d’avoir bien voulu ouvrir cette soirée.
Nous allons maintenant passer à la remise du Prix.
Attribué pour la première fois en 1987, le Prix Richelieu Senghor distingue des personnalités dont l’action contribue de façon exceptionnelle au rayonnement de la langue française et de la francophonie.
On trouve parmi les lauréats des personnalités éminentes : je ne citerai que deux exemples touchant au Proche Orient : M. Boutros BOUTROS-GHALI (1991), et le poète libanais Salah STETIE (2001). Cher Karl AKIKI, votre nom s’inscrit donc dans une brillante lignée…
Je voudrais souligner la présence parmi nous ce soir de deux anciens lauréats du Prix :
Le Projet Voltaire (lauréat 2015) représenté par M. Charles-Henry de la LONDE, Président de la Fondation Projet Voltaire, et Mme Sandrine HURION, Directrice,
M. Mickaël VALLET (lauréat 2019), devenu sénateur de la Charente maritime.
Comment choisissons-nous le lauréat ? Nous avons un comité du Prix, dont les membres cette année étaient :
- Mme Imma TOR, (l’appeler) représente l’OIF – et ce soir Mme la SG de la Francophonie
- M. Ivan KABACOFF, journaliste à TV5Monde, responsable de Destination francophonie
- Mme Marielle PAYAUD, Cheffe de Cabinet du recteur de l’AUF
- M. Hassan KOUYATE, Directeur des Francophonies de Limoges
- M. Thomas MESZAROS, Directeur de l’IIF, Université Jean-Moulin Lyon3
- Et moi-même
Donner la parole à Imma TOR,
Qui évoque le contexte : 16 candidats, de 10 pays, et évoque les noms des 6 « finalistes »
Féliciter Karl AKIKI
Avec vous, c’est le Liban qui est à l’honneur…
Et bien sûr l’Université Saint Joseph de Beyrouth (USJ)
Je suis extrêmement touché de la présence ce soir d’une importante délégation de l’USJ :
En l’absence du Recteur, Père Salim DACCACHE, empêché et excusé,
Mme Myrna GANNAGÉ, Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
M. Christian TAOUTEL, Directeur du département Histoire-Relations internationales
Souligner aussi la présence de la présidente des Alumni de l’USJ : Mme Amal SAYAH HAY
La remise du prix Richelieu Senghor constitue la reconnaissance de l’action de notre lauréat en faveur de la langue française ; Je souhaiterais que ce soit en outre, ce soir, aussi un témoignage symbolique de fraternité à l’égard du peuple libanais dans cette période difficile.
Chers Amis, je vous laisse maintenant à vos échanges que je souhaite chaleureux et enrichissants
Tout à l’heure la parole sera à notre lauréat
Cher Monsieur AKIKI,
Vous êtes enseignant-chercheur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Après des études en Lettres françaises dans cette université, vous avez effectué votre thèse à la Sorbonne.
Dans cette thèse, vous vous êtes intéressé au roman feuilleton, et en particulier aux éléments qui provoquent chez le lecteur une addiction.
Vous dites (et je vous cite) « que vous avez toujours veillé à « contaminer » vos élèves de votre amour pour la langue de Molière et pour la littérature française et francophone » (voyez, chers amis, par ces temps de covid, qu’il n’y a pas que des virus malfaisants…)
Actuellement, vous occupez le poste de chef du département de Lettres françaises et celui de Vice-Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à la prestigieuse Université Saint-Joseph de Beyrouth.
Vos recherches portent notamment sur la réception des séries télévisées par le téléspectateur, puisque celles-ci suivent le fonctionnement narratif du roman-feuilleton.
Vous cherchez par ailleurs à valoriser la francophonie libanaise. Chaque année, vous invitez deux enseignants étrangers au Liban pour assurer des séminaires.
Vous avez également mis en place des événements culturels d’envergure: présentation de films en avant-première (La Promesse de l’aube devant 1500 spectateurs), conférence de Stéphane Bern devant 1200 participants, l’évènement Mon Liban francophone où les étudiants libanais ont réfléchi à ce que leur pays avait apporté au monde de la Francophonie.
Vous assurez aussi des cours à l’étranger : à Dubaï, au Tchad, en Italie, en France autour de la culture francophone du Liban dont vous devenez alors l’ambassadeur culturel.
Enfin vous gérez les réseaux sociaux du département de lettres françaises qui comptent plus de 5000 abonnés, vous y effectuez quotidiennement des publications liées à la francophonie.
S’il fallait qualifier votre vision de la francophonie en un mot, (je vous cite) il s’agirait du terme « carrefour ». Carrefour de rencontres, carrefour de pensées, carrefour d’enthousiasme… Sachez que moi aussi je m’efforce de faire du Cercle Richelieu Senghor un carrefour… un carrefour où se croisent les cultures, et où se rencontrent les passionnés de francophonie.
Cher M. Akiki, je vous cède la parole
Vous avez choisi comme thème « Francophonie – l’exception libanaise » »
Interventions suivantes :
Prof. Sami Paul Tawil, professeur au collège de médecine des Hôpitaux de Paris, et fidèle membre du Cercle
M. Khalil Karam, ancien ambassadeur du Liban auprès de l’UNESCO et du Vatican.
Présentation du livre La Mission jésuite de Ghazir 1843-1965, lauréat 2021 du prix littéraire de l’Œuvre d’Orient dont un exemplaire est offert au Prof Sami Paul Tawil et au président Alban Bogeat
Biographie de Karl AKIKI :
Karl Akiki est enseignant-chercheur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth au Liban. Après des études en Lettres françaises dans cette université jésuite, bastion de la francophonie au Moyen-Orient depuis 1875, il a effectué sa thèse à la Sorbonne nouvelle sous la direction de Daniel Compère.
Cette thèse, soutenue en avril 2013, lui a permis de revenir à ses premières amours, à ses premières découvertes de la littérature : le roman feuilleton. Voilà pourquoi il y a analysé « La Fabrique du roman-feuilleton, façon Alexandre Dumas » en s’intéressant particulièrement aux cycles des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo. Son travail a permis de faire ressortir les ingrédients propres à l’écriture sérielle : la narration en hélice, la technique du relais, les lieux populaires, les archétypes de personnages, les fonctions thymiques de l’histoire… Tous ces éléments lui ont permis de développer le concept de « Plaisir de lecture », une déformation de la théorie de Barthes concernant le texte de plaisir. La réflexion de Karl Akiki s’appuie principalement sur les éléments qui provoquent chez le lecteur une addiction consumériste de l’ouvrage littéraire.
Pendant ses années d’études, Karl Akiki a enseigné dans plusieurs établissements membres de l’AEFE à Beyrouth : le collège jésuite Notre-Dame de Jamhour, le collège Notre-Dame de Nazareth, le Collège de la Sainte famille française et le Collège Protestant français. Enseignant de français et de littérature (5ème à la Terminale), Karl Akiki a toujours veillé à contaminer ses élèves de son amour pour la langue de Molière et pour la littérature française et francophone. Son enthousiasme et sa passions communicatifs ont poussé un bon nombre de jeunes Libanais à suivre des études universitaires de Littérature.
Actuellement, il occupe le poste de directeur du département de Lettres françaises et celui de Vice-Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il est également rédacteur en chef d’InteraXXIons, revue scientifique transdisciplinaire, et responsable du Laboratoire de recherche Littératures et arts, laboratoire qui s’intéresse à l’expression littéraire et francophone de la région de la Méditerranée. Il est également Vice-Président de l’Association des Facultés et Établissements francophones de lettres et de Sciences Humaines (AFELSH), membre honoraire du Réseau des Narratologues francophones (RéNaf) et membre associé de l’Observatoire des Écritures Françaises et Francophones (OEFF).
Ses recherches portent sur la réception des œuvres littéraires et sur les narrations transmédiales, particulièrement celles s’effectuant au niveau des séries télévisées puisque celles-ci suivent le fonctionnement narratif du roman-feuilleton. Il s’intéresse également à la littérature libanaise francophone dans l’attrait qu’elle provoque sur un lectorat occidental.
Parallèlement à ses fonctions administratives et à ses activités de recherche, Karl Akiki multiplie les actions qui valorisent la spécificité de la francophonie libanaise. C’est en ce sens que, chaque année, il invite deux enseignants étrangers au Liban pour assurer des séminaires de littérature aux étudiants de l’USJ mais également à ceux des autres universités : Dominique Viart, Alexandre Gefen, Antoine Compagnon, Carla Calargé entre autres font partie de ces professeurs invités. Il a également mis en place diverses actions culturelles d’envergure : l’avant-première du film La Promesse de l’aube devant 1500 spectateurs, la conférence de Stéphane Bern autour des liaisons dangereuses entre la littérature et l’histoire devant 1200 participants, l’évènement Mon Liban francophone où les étudiants des universités du Liban ont réfléchi à ce que le Liban avait apporté au monde de la Francophonie. Il assure également des cours à Dubaï, au Tchad, en Italie, en France autour de la culture francophone de son pays dont il devient, l’espace de voyages éclairs, l’ambassadeur culturel. Il gère également les réseaux sociaux du département de lettres françaises qui comptent plus de 5000 abonnés. Ces réseaux sont l’occasion pour lui d’effectuer des publications liées à la francophonie et qui sont mise en ligne d’une manière journalière et sous forme de séries : Le français au Liban, les rues libanaises au nom français, ces mots français en libanais, les libanismes… sont autant de thèmes qui sont abordés d’une manière ludique et populaire.
S’il fallait résumer la vision que M. Akiki a de la francophonie en un mot, il s’agirait du terme « carrefour ». Carrefour de rencontres, carrefours de pensées, carrefours d’enthousiasme…