Son Excellence M. Rami ADWAN / France-Liban : les très riches heures d’une Alliance – de Saint Louis à nos jours

Son Excellence Monsieur Rami ADWAN, Ambassadeur du Liban en France intervenait sur le thème « France-Liban, les très riches heures d’une Alliance, de St Louis à nos jours » devant les membres du Cercle Richelieu Senghor ainsi que des représentants de la communauté libanaise.

SE M. Rami ADWAN
SE M. Rami ADWAN

L’ambassadeur du Liban en France a ainsi rappelé que les relations entre le Liban et la France s’inscrivaient dans une longue perspective historique. Au-delà de l’influence de la France au Proche Orient et au Liban depuis le XIIIe siècle, il a tenu à souligner que le sens des échanges s’était inversé par rapport aux flux culturels, religieux et économiques en provenance de cette région durant le premier millénaire. Il a appelé à ce que les échanges au XXIe siècle soient bilatéraux.

La France cherche à se redonner un rôle, et des opportunités existent pour faire valoir son influence :
– L’engagement encore plus soutenu de la France, de l’Europe et des instances internationales pour le respect du Droit et de la Justice en faveur de communautés minoritaires insérées dans la région depuis des millénaires, les Chrétiens d’Orient en particulier.
– Le diplomate a également rappelé l’importance des échanges économiques. Limité par la taille de son marché intérieur de 4 millions d’habitants, le Liban constitue en revanche un pont vers des marchés stratégiques (Moyen-Orient, Chine, Afrique,…), une porte ouverte sur le monde.
– La stratégie militaire et la lutte contre le terrorisme.- La place du Liban dans la francophonie et la promotion de la langue française au Liban. Enfin SE M. Rami ADWAN a lancé un vibrant appel à l’aide : Le Liban est la seule démocratie multi-religieuse du Moyen Orient arabe. Il incarne des valeurs de tolérance et d’humanisme. Or le pays est confronté à une situation dramatique avec l’afflux des réfugiés syriens (1,5 million), les coûts engendrés, le chômage, la paupérisation de la population, la fuite des cerveaux. Si rien n’est fait pour aider le Liban, c’est la survie même du pays qui est en jeu. Relayez cet appel !

Quelques dates clefs:
– 1248/1250 : St Louis protecteur des Maronites, charte de St Jean d’Acre
– 1536 : Ouverture du Consulat de France de Tripoli, suivi de ceux de Beyrouth en 1549, Sidon et Tyr. Essor des relations commerciales
– 1669 : Institut Colbert, développement de l’enseignement
– 1860 : Intervention militaire « humanitaire » de Napoléon III

Le livre d'or du Cercle - 6 mars 2018
Le livre d’or du Cercle – 6 mars 2018

Le dîner du 6 mars 2018 était organisé à l’initiative du Professeur Sami Paul TAWIL, membre du Cercle.

 


 

SE M. Rami ADWAN

Introduction d’Alban Bogeat:

Excellence, Monsieur l’Ambassadeur du Liban en France, Monsieur Rami ADWAN,

Madame la Sénatrice, Madame Christiane KAMMERMANN,

Chers membres du Cercle,

Chers amis,

C’est le Liban qui nous réunit ce soir et je vous remercie vivement, Monsieur l’Ambassadeur, de nous faire l’honneur de votre présence.

Vous avez choisi de nous parler des liens historiques extrêmement forts et durables qui unissent nos deux pays à travers l’Alliance France-Liban, depuis St Louis jusqu’à nos jours. Et nous vous écouterons tout à l’heure avec le plus grand intérêt.

Je tiens aussi à remercier chaleureusement le Professeur Sami Paul TAWIL, membre très fidèle du Cercle, à qui l’on doit l’initiative de cette soirée.

A celles et ceux qui participent pour la première fois aux activités du Cercle, et je m’en réjouis, je préciserai que le Cercle Richelieu-Senghor, que je préside depuis octobre dernier, est un espace d’échange et de réflexion sur la Francophonie et le dialogue des cultures.

Le Cercle a pour objectif, à travers ses dîners-débats mensuels au Sénat, de refléter la présence et la diversité de la Francophonie surles cinq continents. Le Cercle entend également donner la parole aux différents acteurs de la Francophonie, sans oublier le monde de l’entreprise.

Ce soir c’est donc le Liban qui est à l’honneur. Le Liban qui occupe une place essentielle sur l’échiquier francophone, à la fois pour des raisons historiques, et je rappellerai seulement que Charles Hélou, ancien Président du Liban, fut l’un des pionniers de la Francophonie institutionnelle dans les années 70 ; place essentielle du Liban aussi pour des raisons géographiques, puisque le pays constitue l’un des quatre piliers sur lesquels repose l’édifice francophone : il incarne la francophonie au Proche Orient, aux côtés des trois autres piliers que sont la francophonie d’Europe, d’Afrique, et d’Amérique du Nord.

En novembre dernier, la romancière acadienne Antonine Maillet, lauréate en son temps du prix Goncourt, a inscrit dans notre livre d’or une phrase que j’ai plaisir à vous citer : elle y évoque « la francophonie qui englobe la planète tel un collier de perles rares ». Et pour reprendre son image je dirais que le Liban est l’une des perles qui composent ce précieux collier. Poètes et écrivains ont célébré le Liban: Lamartine, Gérard de Nerval, ou St Exupéry, pour ne citer qu’eux, qui ont rapporté leur enchantement dans leurs carnets de voyage, louant l’hospitalité des habitants, la beauté des paysages ou la douceur du climat.

Mais je voudrais maintenant vous dire ce qu’évoque pour moi le Liban. J’en retiendrai trois facettesprincipales :

La 1ère c’est ce que j’appellerai la dimension universelle du Liban. A partir d’une base géographique restreinte les Libanais se sont déployés à travers le monde. Dans l’antiquité déjà, les Phéniciens avaient établi leurs comptoirs sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. Et aujourd’hui la diaspora libanaise s’étend bien au-delà: sur les côtes d’Afrique de l’ouest, au Québec, aux Etats-Unis, au Brésil, en Amérique latine notamment. Un essaimage pacifique lié le plus souvent à des activités commerciales, mais il faut noter aussi qu’on retrouve beaucoup de Libanais à des postes clés dans les pays où ils sont présents.

Et je ne citerai que deux exemples de réussites libanaises en France : d’abord celle de Carlos Ghosn qui a bâti l’alliance Renault-Nissan, gigantesque défi culturel, devenue en 2017 le 1er constructeur automobile mondial.

L’autre exemple est celui de la compagnie maritime CMA-CGM, l’un des plus grands armateurs du monde, fondé par Jacques Saadé à Marseille en 1978.

Après cette 1ère facette d’un Liban résolument tourné vers l’extérieur, la 2ème évocation, pour moi, complémentaire, c’est celle d’un Liban terre d’accueil. Si le Liban a une réputation d’hospitalité pour le visiteur, il a aussi accueilli des vagues de migrants aux heures difficiles de l’histoire, et c’est encore particulièrement le cas aujourd’hui où les réfugiés syriens représentent près du quart de la population du pays, ce qui constitue un défi colossal. Cependant, confronté à des situations extrêmes, le Liban a toujours su faire preuve d’une immense capacité de résilience, en se remettant sur pied après les pires épreuves, tel le phénix renaissant de ses cendres. Et vous l’aurez sans doute noté comme moi : phénix, Phénicien : la proximité des mots ne relève sûrement pas du hasard.

La troisième évocation, et cela vous paraîtra peut-être un cliché, c’est l’image du cèdre. D’abord il faut noter que rares sont les pays ayant choisi de faire figurer un végétal sur leur emblème national : il n’y a guère que le Canada avec la feuille d’érable, et le Liban avec le cèdre.

Et ce cèdre, au-delà de la dimension esthétique qu’il confère au drapeau, me paraît chargé de valeurs hautement symboliques : symbole de longévité (Ne dit-on pas que certains cèdres sont âgés de plus de 2000 ans ?), symbole de paix et de liberté, symbole aussi de respect de la nature et de l’environnement.

Voilà donc ce qu’évoque pour moi le Liban, à la fois pays au rayonnement universel, terre d’accueil et d’hospitalité, sous la protection du cèdre bienveillant, gage d’un Liban éternel.

Bien sûr ceci est une vision très personnelle, et aussi très partielle : j’aurais pu y ajouter la gastronomie libanaise, les vins déjà réputés au temps des Phéniciens, la littérature et l’académicien Amin Maalouf, la haute couture d’Elie Saab, que sais-je encore ?

Bref, le Liban est un sujet inépuisable mais avant de vous avoir épuisés je voudrais vous laisser à vos échanges que je souhaite chaleureux et enrichissants.

 

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