M. Mame Birame DIOUF, Ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé.
Madame la Présidente du Cercle Richelieu Senghor,
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Permettez-moi, tout d’abord, au nom du Président de la République, Son Excellence Maître Abdoulaye Wade de souhaiter chaleureusement la bienvenue en terre sénégalaise aux membres du prestigieux Cercle Richelieu Senghor.
Mesdames, Messieurs les membres du Club,
Je sais par ailleurs, grâce aux nombreuses rencontres et colloques organisés autour des œuvres du Président Léopold Sédar Senghor, la part importante que votre association a prise et continue de prendre dans l’œuvre de vulgarisation de la pensée de l’Homme.
Il n’est donc pas étonnant que votre initiative d’aujourd’hui soit située dans le mouvement universel d’hommage au défunt Poète Président, dont nous célébrons, cette année, le centenaire de la naissance.
C’est vous dire que Dakar s’honore d’avoir été choisie comme le versant africain des colloques « Senghor et la Francophonie », organisés dans le cadre de la célébration du centenaire de la naissance du Président Léopold Sédar Senghor.
Comment, à ce sujet, ne pas nous remémorer, à cette occasion, ce que le Président WADE disait de son prédécesseur dont il contribue, plus que tout autre, à pérenniser la mémoire : « Un homme d’une telle dimension n’appartient plus au Sénégal, il appartient à toute la race noire qu’il a su chanter ; Il est le symbole de l’Universel, de la non discrimination, de l’anti racisme »
« Senghor et la Francophonie », thème ne pouvait être plus approprié pour une pénétration fructueuse de l’univers senghorien. Univers d’une richesse et d’une variété certes impressionnantes, mais dont les éléments composants convergent, s’interpénètrent pour finalement nous donner à voir une cohérence qui éblouit et inspire.
Mesdames, Messieurs,
La Francophonie est, si l’on peut dire, la figure arche type de l’idéal et de l’œuvre senghoriens. C’est le testament qu’il nous lègue, où il nous donne à lire non seulement le monde tel qu’il voudrait qu’il soit, mais aussi le voies et moyens d’atteindre cet idéal.
Nous le savons, c’est au moment même où le Général de Gaulle lançait son projet de communauté franco-africaine que Léopold Sédar Senghor se faisait l’avocat d’une francophonie « fille de la liberté et sœur de l’indépendance ».
Le projet Francophonie a donc identifié, dès l’entame le refus de la contrainte et toutes les oppressions comme le fondement le plus sûr du dialogue interculturel. Sans perdre de temps, le Président Senghor oeuvrera à rassembler les pays adhérant à ces retrouvailles impulsées par un « commun vouloir de vie commune »[Ce fut la création de l’union africaine et malgache, creuset de l’organisation commune africaine et malgache].
Parallèlement, en favorisant la création de l’Association des Universités partiellement où entièrement de langue française (AUPELF), il soumettait en quelque sorte l’édifice politique à une instance de critique objective gardienne de la vision qu’analyserait constamment les aspirations des peuples.
La vision ? Senghor dira encore, dans la revue Esprit, que la francophonie est « un humanisme intégral qui se tisse autour de la terre : [une] symbiose des « énergies dormantes » de tous les continents, de toutes les races qui ne réveillent à leur chaleur complémentaire ».
Vous le voyez, l’interdépendance, le co-développement et la solidarité des peuples et des nations, dont Senghor s’est fait le chantre n’auraient pu être visés hors d’un contexte de fraternité dans le respect mutuel et le dialogue des cultures.
D’où, encore une fois, cette idée de complémentarité. Une complémentarité acceptée qui fédère, cimente et lance les peuples, bras dessus bras dessous vers la conquête de leur épanouissement culturel, social et économique.
Voilà donc les Etats, régions, pays employant le français comme langue nationale, officielle, de communication internationale ou de travail ; et « l’ensemble des personnes qui emploient le français dans les fonctions que voilà » mus par « un idéal qui anime les peuples en marche vers une solidarité des esprit ».
Une solidarité des esprits facilitant la promotion d’un monde pluriel et garantissant, par cette pluralité même, sa propre durabilité.
Un exemple suffit pour illustrer cette assertion. Senghor a souvent déplore l’indifférence des intellectuels africains pour leurs propres langues. « Hélas, a-t-il dit, quand, en 1937, dans une conférence à la Chambre de commerce de Dakar, j’ai préconisé l’enseignement des langues nationales, je n’ai trouvé aucun intellectuel pour m’appuyer ».
La Francophonie lui a permis de résoudre cette difficulté. Aujourd’hui, l’on ne peut que se réjouir de la multiplicité et de la qualité des programmes d’appui aux langues nationales, développés par les organisations francophones.
C’est bien la preuve que nous venons tous à ce lieu de rencontre en sachant qu’il s’agit d’un lieu du « donner et du recevoir » où nous devons nous rendre avec ce que nous avons de plus précieux, notre culture et, d’abord, nos langues.
Mesdames, Messieurs,
Ayant eu l’insigne honneur d’être le Représentant personnel du Chef de l’Etat Maître Abdoulaye WADE au Conseil Permanent de la Francophonie, je sais toute l’importance qu’il accorde et tout le soutien qu’il apporte à cet instrument exceptionnel de coopération.
Le Ministre de la Culture que je suis ne peut donc que se réjouir des succès obtenus par notre organisation dans les domaines culturels, économique et social.
Ces succès nous ramènent à l’idée de laboratoire. Nous voulons, par là, rappeler que pour Léopold Sédar Senghor, la Francophonie n’est pas une fin en soi. Pour lui, la Francophonie est un exemple. N’a-t-il pas caractérisé son projet en parlant de « Common wealth à la française » ?
En réalité la conviction senghorienne est que les peuples peuvent toujours trouver, dans la géographie, l’histoire, la culture, des principes qui les feront converger les uns vers les autres. Et ces lieux et moyens de convergence seront inévitablement entraînés, grâce à l’esprit qui les meut, dans une dynamique de symbiose dont la civilisation de l’Universel.
Madame la Présidente du Cercle Richelieu Senghor,
Je le sais, les axes thématiques de vos colloques sont multiples les thèmes de cette journée variés. Mais j’ai voulu, partant de la vocation de votre association, qui est de promouvoir la francophonie, insister sur cet idéal senghorien qui autorise la meilleure compréhension de sa pensée et de son œuvre.
Au demeurant, les axes ne sont rien d’autre que des repères posés pour nous orienter vers une direction précise.
Je n’hésite donc pas à le dire : ici, à Dakar, avec ce thème senghorien par excellence, la Francophonie, nous sommes arrivés à destination. Permettez-nous, pour conclure de paraphraser notre cher et regretté Léopold Sédar Senghor : merci d’être venus parmi nous, avec nous, contemplez « l’aube transparente d’un jour nouveau »
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi, après avoir exprimé cette forte conviction de déclarer ouvert le volet dakarois des colloques du Cercles Richelieu Senghor sur « Senghor et la Francophonie ».
Je vous remercie de votre aimable attention.